En
1347-49, la Grande Peste ravage l'Europe. La population européenne
est réduite de moitié (plus dans certaines régions)
à l'issu de l'épidémie. De plus, le phénomène
s'est répété à plusieurs reprises jusqu'au XVIe
siècle (sans atteindre la même ampleur, cependant). Ces événements
jouent indubitabelement un rôle dans l'émergence d'une fascination
pour les thèmes macabres. Cependant, comme le montre Philippe Ariès, ils ne constituent pas le seule facteur explicatif. En effe, les thèmes macabres ont été instrumentalisés par l'Eglise pour susciter une peur de la damnation, et non une peur de la mort. Au départ, ils illustrent le sentiment d'un échec individuel. L'impuissance de l'homme est rattachée à la mort et au pourrissement physique (surtout au XVe siècle). Ce rapprochement entre la mort et l'échec fait naître un sentiment de mélancolie, de regret de la vie fragile et précieuse, mais pas de peur de la mort. Les images macabres traduisent une exaltation de ce sentiment. |
Il existe aussi de nombreuses représentations de l'enfer, qui sont sans rapport avec le goût pour le macabre, mais qui évoque elles aussi la mort. Bruegel a réalisé beaucoup de représentations de l'enfer et des démons, qui se distinguent par leur grande fantaisie. |
Le Triomphe de la mort (Prado, Madrid, 1562, 117x162 cm) de Bruegel témoigne de l'influence de Bosch sur le travail de Bruegel. On y trouve une foule de détails insolites dans un paysage inquiétant. Il montre aussi sa différence : dans ce tableau-ci, pas de monstres à la Bosch (alors qu'on en trouve dans la Chute des anges rebelles). Ce n'est pas une oeuvre destinée à inciter à la rédemption : aucun espoir de misécorde ou de résurrection n'est donné ici. Les croix, partout présentes, semblent être l'emblême de l'armée de squelettes. |
Plan de l'étude détaillée : 2 - La représentation de la mort |