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La Tour de Babel est l'objet de trois tableaux de Bruegel. Deux seulement nous sont connus. La "grande tour" (114 x 155 cm, 1963, ci-contre) se trouve au Kunsthistorisches Museum de Vienne, la petite (60 x 74,5 cm, 1568) au Museum Boymans-van Beuningen de Rotterdam. C'est sur la grande tour que portera l'étude principale, la petite faisant l'objet d'une analyse plus rapide (6) |
Dans le traitement de ce thème biblique, Bruegel fait plusieurs choix significatifs. D'une part, il inscrit la construction de la tour dans un cadre contemporain. Cet ancrage peut donner lieu a de multiples interprétations, sur lesquelles nous reviendrons (5). D'autre part, il semble se refuser à donner au mythe un tour tragique. Le même traitement est d'ailleurs utilisé pour la Chute d'Icare. Les deux tableaux méritent d'être rapprochés car ils illustrent tous deux un défi humain voué à l'échec. Cependant Bruegel semble attacher peu d'importance à ces échecs : la chute d'Icare n'empêche personne de vaquer à ses occupations et l'écroulement programmé de la tour n'empêche pas la ville de croître aux alentours. |
Avant de procéder à l'étude du tableau, il est nécessaire de revenir sur le texte biblique qui l'a inspiré. L'épisode de Babel prend place dans la Genèse (11). Dans la plaine de Shinéar, au sud de l'Irak, le roi Nemrod et son peuple avaient entrepris la construction d'une tour qui devait atteindre les cieux. L'unité des hommes, qui parlaient tous la même langue, semblait rendre le projet possible.Pour punir l'orgueil humain, Dieu décide alors de "confondre" les langages (Babel vient de l'hébreu bâlal, qui signifie confondre). |
Il crée alors la diversité des langues
et disperse les hommes sur la terre, ce qui empêche ces derniers
de s'entendre et de poursuivre leur entreprise. Voyons maintenant, par l'étude du tableau, quelles sont les lectures privilégiées par Bruegel. |
Introduction |